Il ne vous est jamais arrivé, enfants, seul ou avec des amis, de partir à la découverte d’immeubles ou de maisons abandonnés en vous imaginant explorateur ou chasseur de fantômes. Vous revenez dans ces lieux, plus âgé, et vous voyez parfois le potentiel gâché de ces endroits délaissés et espérez qu’ils reprennent vie un jour.
C’est un peu la magie qu’apporte l’occupation transitoire.
De manière plus pragmatique, le but de l’occupation transitoire est d’occuper un lieu vide et sans visée pour y développer un projet temporaire ou comme espace de développement pour un projet plus permanent.
Dans le balado de la Relève en urbanisme sur ce thème, Philemon Gravel, directeur général et cofondateur d’Entremise, définit l’occupation transitoire comme une stratégie de développement immobilière complémentaire au développement immobilier conventionnel qui mise sur l’existant. Partir d’un bâtiment qui est déjà là, qui est en attente de requalification puis voir ce que l’on peut faire à court terme avec, en fonction des objectifs des propriétaires, des forces vives du quartier environnant et aussi qu’est ce qui permet sans travaux majeurs donc avec des travaux de sécurisation minimum.
Pour écouter le balado Occupation transitoire immobilière de la Relève en urbanisme, lire notre article Top 5 des balados sur la ville et le développement urbain
Entremise est l’organisme référence de l’occupation transitoire à Montréal. Leur mission est de « connecter des personnes sans espaces à des espaces sans personne ». Ils travaillent et ont travaillé différents projets d’occupation transitoires et temporaires tels que le site des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph au coin de des Pins et Parc, l’Espace Ville Autrement ou l’éphémère projet pilote Young.
Pratique très développée à l’international, elle n’est qu’émergente au Québec. Mais depuis ces dernières années, on remarque une réelle volonté politique et aussi de propriétaires privés ouverts et conscientisés d’explorer d’autres chemins et d’investir dans ces espaces inoccupés parfois même oubliés.
La Société de développement Angus et Entremise ont développé un projet d’occupation transitoire dans le cadre de la revitalisation du Vieux-Pointe-aux-Trembles. La Société de développement Angus, nouveau propriétaire de bâtiments inoccupés, souhaitait raviver l’artère commerciale dévitalisée du cœur de village, délaissée par les résidents au profit des zones commerciales avoisinantes, le temps de la mise en place du projet de revitalisation. Courtepointe est un hub entrepreneurial, social et culturel transitoire comprenant des commerçants, organismes communautaires et culturels ayant fait le choix de vivre en collectivité, de miser sur leur synergie et les potentiels de mutualisation que permet un projet d’occupation transitoire collectif.
Afin d’en savoir plus sur le projet Courtepointe : https://coeurduvillage.com/occupation-transitoire-trois-facteurs-de-reussite
Entremise détermine plusieurs grandes étapes pour établir un projet d’occupation transitoire :
- Définir les objectifs, le projet avec le propriétaire ;
- Voir si l’espace est sécuritaire et occupable. Dresser les conditions techniques et matériels à l’occupation, les travaux minimums à faire, le but étant de dénaturer le moins possible l’espace et d’éviter d’engendrer trop de coûts ;
- Lancer l’appel à occupation et les autorisations d’occuper auprès des autorités (sécurité).
- Penser le modèle d’affaire ;
- Sélectionner les occupants ;
- Coconstruire et aménager les espaces ;
- S’approprier les lieus et les cogérer (partage des responsabilités);
- Migrer vers une installation pérenne, un projet permanent si possible.
Les plus-values de ces projets sont indéniables. Permettant à la fois aux petites entreprises, collectifs, entrepreneurs, artistes de tester leurs idées, de développer leurs concepts et modèles d’affaires, ils aident aussi à l’animation d’un lieu, d’un quartier lui donnant un second souffle. Ces initiatives peuvent être temporaires mais aussi durer dans le temps participant ainsi au développement immobilier urbain, économique et communautaire.
L’occupation transitoire se veut comme une solution, une protection de la mémoire des lieux et de l’animation des quartiers désertés, et permettant, ainsi, d’en chasser les fantômes.